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France - Russie
A
ncien ministre et représentant
spécial de la France pour
la Russie, quelle est votre
vision des relations économiques
bilatérales ?
Les relations économiques entre la
France et la Russie qui avaient connu
un palier en 2014/2015 ont repris un
cours ascendant (exportations fran-
çaises vers la Russie 5,5 milliards
d’euros en 2017, exportations russes
vers la France 7,5 milliards d’euros)
malgré un tassement surtout dû à la
baisse du prix des hydrocarbures.
Les flux d’investissement de la
France vers la Russie n’ont jamais
cessé. Le stock d’investissements
français en Russie dépasse 18
milliards d’euros. Parmi les sociétés
du CAC 40, trente-cinq sont présentes
en Russie. Six cents entreprises
françaises y sont implantées.
La présence française est particuliè-
rement forte dans les secteurs
de l’énergie, de l’automobile, de
l’aéronautique et de la pharmacie.
Les sociétés françaises implantées
en Russie emploient au total près de
167 000 personnes.
Après la visite officielle du Président
Macron à Saint-Pétersbourg, les
24 et 25 mai 2018, nos relations
devraient connaître un nouvel essor,
conformément à la volonté politique
exprimée de part et d’autre.
Vous vous êtes rendu à denombreuses
reprises en Russie, à Moscou
notammentmais aussi en Sibérie, pour
l’inauguration des installations gaziè-
res de Yamal. Comment appréhendez-
vous le rôle qui vous a été confié ?
Quels sont vos axes de travail ?
Mon rôle est celui de facilitateur.
Mais je reste avant tout un homme
politique et je m’exprime à ce titre en
toute indépendance. La levée des
sanctions européennes prises en
2014 est à portée de la main. Elle
accompagnera la mise en œuvre des
accords de Minsk.
Celle-ci a été retardée par une
certaine lenteur du côté ukrainien
dans le vote d’une loi de décentrali-
sation dont l’application devrait
intervenir en même temps que
l’opération de maintien de la paix qui
permettra de sécuriser les élec-
tions
(1)
.
Bien sûr, le retour à la sécurité est
un préalable. Mais je suis optimiste :
l’avenir de l’Europe ne peut être
suspendu au maintien d’un conflit
même « gelé ».
J’ai évidemment d’autres axes de
travail, en ce qui concerne notam-
ment le financement de nos exporta-
tions et de nos investissements ou
encore l’accueil en France d’investis-
sements russes.
Denombreuses entreprises françaises
sont présentes en Russie et ce, depuis
longtemps. Comment développer leur
présence, notamment celle des
petites et moyennes entreprises ?
Dans quels secteurs pourraient-elles
s’illustrer ?
La Russie est engagée dans un vaste
effort de diversification économique.
Les petites et moyennes entreprises
françaises peuvent y trouver de
nombreuses niches dans l’électronu-
cléaire mais aussi dans les industries
agroalimentaires et la sous-traitance
automobile. La Russie dans ce
domaine est appelée à devenir le
premier marché d’Europe. Il faut
organiser des missions d’entreprises
françaises comme celle à laquelle
j’ai participé pour l’électronucléaire à
Moscou et à Nigiri Novgorod en 2015.
Comment envisagez-vous l’évolution
des relations économiques franco-
russes ?
Les relations entre l’Europe et la
Russie seront amenées à s’éclaircir
dans le nouveau contexte international.
Le financement de nos investisse-
ments en Russie est encore rendu
difficile par l’extrême frilosité de nos
banques à s’engager en Russie du
fait des sanctions fondées sur l’ex-
traterritorialité du droit américain.
Le président de la République s’est
engagé à trouver des formules de
substitution.
La normalisation de nos relations est
souhaitée par le président de la
République. Un récent Conseil
économique, financier,
industriel et commercial
franco-russe (CEFIC)
s’est tenu à Moscou en
présence de monsieur
Bruno Le Maire.
Naturellement tout ne
peut pas venir de l’État.
Les entreprises doivent
s’impliquer sur le mar-
ché russe. Moscou n’est
qu’à trois heures de
Paris et pour qui visite comme moi
les villes russes, l’impression est
frappante : la Russie a repris sa mar-
che en avant. Le peuple russe aspire
à la prospérité et la France souhaite
l’y aider conformément à la tradition
de l’amitié franco-russe.
Représentant spécial de la France pour la Russie, Jean-Pierre Chevènement pour
un rapprochement entre les deux États, convaincu que la relation se mobilise qui
les unit répond à de profondes affinités culturelles.
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT,
représentant spécial de la France pour la Russie
©DR
©DR
« La Russie a repris sa marche
en avant »
(1) Propos recueillis au début de l’année 2018 avant la réélection de Vladimir Poutine.
Bruno Lemaire.
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